ÉCRITS SUR L’ART ET CRITIQUE

La critique d’art, l’œuvre inachevée de notre Culture

  • Il était un temps où les manifestations artistiques et le mouvement des arts visuels en Tunisie se prévalaient d’une certaine dynamique et s’accordaient une bonne part de notre vie culturelle, avec des rencontres et des événements périodiques, de grande notoriété et dans certains lieux mythiques de la ville, dans ces  nombreuses galeries d’art, éparpillées ici et là, à Tunis, dans la banlieue nord, à La Marsa, à Sidi Bou Saïd, Salâmbo ou ailleurs, et certainement dans nos grandes villes, bouillonnant avec les fréquentes et multiples expositions.

    A ce titre, nous évoquerons, entre autres événements de taille, le Printemps des Arts de La Marsa, le Festival international des Arts Plastiques de Mahrès, l’exposition annuelle de l’UAPT, alors que les galeries Yahia, Saladin, HédiTurki, Kalysté, Essaâdi, Sadika, AlexndreRoubtzoff et bien d’autres, organisaient périodiquement et régulièrement, de nombreuses expositions d’artistes novices et d’autres à l’expérience bien acquise.

    Avec un petit retour en arrière il est tout aussi utile qu’intéressant de faire un petit rappel du mouvement de la critique d’art qui était apparu avec les premières contributions de Diderot, considéré comme le premier critique d’art au sens moderne.

    Pourquoi, précisément, c’est l’écrivain Diderot qui se chargea de cette tâche ? C’est que, de tout temps, et même de nos jours, ce sont les hommes de lettres, particulièrement, qui ont eu la responsabilité d’assumer cette délicate tâche.

    Et c’est à partir de l’apparition des « Salons de peinture » que les écrits sur l’art ont fait leur apparition. Ecrits, et non pas encore critiques, car ces Salons faisaient l’objet de commentaires dans certaines revues et journaux, à l’instar  de ceux de Denis Diderot (1713-1784) qui était le commentateur avisé des Salons de l’Académie française de peinture et de sculpture, et ce, pendant plus de vingt ans.

    Après la Révolution de 1789, le musée du Louvre est créé en 1793 pour apporter à la nation un instrument de son éducation. Ce qui démontre fort bien que l’Art soit toujours l’un des créneaux de l’éducation des masses.

    Mais au début de ce XIXème siècle, ce sont surtout des écrivains qui se font de l’argent de poche en publiant leurs commentaires. N’oublions pas qu’il n’y avait qu’un seul Salon par an, celui de l’Académie de peinture et il n’était pas évident d’y trouver de quoi entretenir le public pendant toute l’année.

    Ainsi la revue « L’Artiste », fondée en 1831, republie des textes de Diderot, notamment ceux consacrés aux Salons tenus de 1759 et 1763.

    Charles Baudelaire (1821-1867), sous le pseudonyme « Baudelaire Dufaÿs », au début de sa carrière littéraire, rédige une longue étude sur le Salon de 1845, ainsi que sur celui de 1859.

    On rencontre également Théophile Gautier, les frères Jules et Edmond de Goncourt, Champfleury et Eugène Fromentin.

    Au cours du siècle, la critique d’art s’affirmera aussi sous sa forme moderne avec Émile Zola (en parallèle à sa relation avec Paul Cézanne) qui publiera, en 1866, une chronique intitulée « Mon Salon ».

    C’est ainsi que la critique d’art commence à se mettre progressivement en place.

    Mais il faut attendre la fin du XIXème siècle pour voir apparaître des journalistes spécialisés dans ce domaine. La multiplication des Salons, l’expansion des galeries d’art et le concept d’exposition thématique abordé par les musées en soutenaient le développement.

    Par ailleurs, et à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, la liberté de la presse et les progrès techniques de l’imprimerie de textes et d’images ont permis un important développement des journaux et revues illustrées, alors que de nouveaux Salons apparaissent, faisant concurrence au Salon national de l’Académie, avec, entre autres, le « Salon des refusés », de 1863, qui réunit les œuvres rejetées par le jury du Salon de Paris.

    Mais l’histoire de l’art considère Jean-Baptiste Dubos (1670-1742), dit aussi l’abbé Du Bos, comme précurseur de la critique d’art avec « Réflexions critiques sur la poésie et la peinture » (1718-1719), comme nous l’indique certaines recherches à ce sujet, ainsi que, plus tard, Étienne La Font de Saint-Yenne (1688-1771) dans « Réflexions sur quelques causes de l’état présent de la peinture en France » (1747), et l’anglais William Hazlitt (1778-1830) et son « On Pleasure of Painting » (« Du Plaisir de peindre ») (1820).

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